Rock & Folk n°86 Mars 1974MIKE OLDFIELDTUBULAR BELLSVirgin 840.018 (dist. Barclay) |
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Le « canevas » de l'unique morceau couvrant les deux faces est assez accessible, dans son développement, à n'importe quel auditeur, car toute froideur et décomposition évidente en sont absentes. Les premières écoutes surprennent et charment à la fois, elles n'agissent pas séparément, et cette réception simultanée des sentiments en fait une œuvre riche, mais avant tout simple et émotive. Les délicats arpèges de guitare s'imposent comme un interlude vivant entre les deux faces, repoussant les influences (harmonies classiques et citations folkloriques) au stade de composantes ordinaires fondues sans artifice dans la beauté de l'ensemble, qui semble l'emporter sur n'importe quelle autre considération en usage outre-Manche. Une simple musique de film qui ne se voit pas en état passif, mais s'entend et se réécoute de l'intérieur, les yeux fermés sur des paysages bucoliques pétrifiés par quelque fée insouciante et peuplés de gnomes qui vous touchent sans vous sentir, juste pour remettre au même niveau les herbes et les fleurs par d'habiles superpositions de mandolines et de guitares sèches (milieu face II). « Tubular Bells » est une musique de parfums naturels qui, même si sa progression rappelle celle des raga-rocks d'il y a cinq ans, a cherché et découvert d'autres sens et attitudes aux qualificatifs les plus variés du mot beauté. Malheureusement, les « Tubular Bells » sonnent l'heure d'un sommeil compté, et le rêve opiacé a tendance à s'écourter après chaque nouvelle expérience répétée. Il reste alors à espérer rapidement un dégagement de l'impasse de la première fuite en se réjouissant de la parution prochaine de la seconde qui, sans aucun doute, sera encore supérieure à celle-ci...
— DANIEL VERMEILLE.
Un Grand Merci à Georges pour avoir eu l'amitié de partager cette chronique !
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