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Chronique - Man on the Rocks (par Graeme Marsh)



« Après l’euphorie d’une apparition réussite à la spectaculaire cérémonie d’ouverture des JO 2012 de Londres, l’extraordinaire instrumentiste vétéran Mike Oldfield  se retrouve revitalisé dans la mesure où le véritable génie – une fois qualité cruellement de « vieux schnoque » par une certaine partie de la presse – sort aujourd’hui son 25ème album studio à l’âge vénérable de 60 ans.

De ses 24 précédents efforts, il se rappellera, bien entendu, toujours de
Tubular Bells, sorti en 1973, et avec raison – qui d’autre peut prétendre à un album s’étant vendu à plus de  17 millions d’exemplaires à travers le monde ? Et un album entièrement instrumental pour commencer.

Avec le casting de la cérémonie des JO, les projecteurs redirigés sur le
maestro après une longue absence – Music of the Spheres, sorti en 2008 était son dernier album studio - le monde s’est souvenu de sa stature, l’un des plus grands musiciens britanniques, alors qu’il jouait des extraits de ce célèbre album parmi d’autres de ses œuvres.

Avant d’écouter
Man on the Rocks, il ne serait pas trop sévère de s’attendre à rien d’autre qu’une collection de chansons de rock à papa sans intérêt, fatigué, et, à la première écoute, il est peu probable de se convaincre du contraire. Pourtant, cet album apparemment très personnel – sans aucun doute inspiré de la séparation d’Oldfield et de sa femme en 2013 – ne devrait pas être radié si facilement.

Le morceau d’ouverture,
Sailing, n’est pas la meilleure façon de mettre en valeur les points forts que nous offre cet album, un titre pour la radio, une chanson non intrusive dans la lignée de Moonlight Shadow de 1983 mais sans la contribution essentielle de Maggie Reilly au chant ; le titre a récemment reçu le vote du morceau de la semaine de la BBC Radio 2, un fait qui en dit long sur son style Traveling Wilburys [supergroupe de la fin des années 80 et composé de Bob Dylan, George Harrison, Tom Petty, Jeff Lynne et Roy Orbison].

Les oreilles se dressent sur l’intro de
Moonshine, où Oldfield donne de son meilleur avec une impression de The Edge de U2, mais, alors que la chanson traine et se dirige vers de nouvelles banalités, arrive comme une agréable surprise l’excellent solo de guitare, juste après le passage des cornemuses irlandaises.

Luke Spiller, chanteur du groupe The Struts, est (de façon plutôt inattendue) responsable du chant tout au long de l’album et la passion qu’il dégage est souvent la clé. Ça n’est jamais plus flagrant que sur la pièce maitresse de l’album, l’épique morceau-titre : une acoustique lente apporte la base avant que le morceau ne commence à se construire avec les cordes, la guitare et la voix de Spiller, culminant vers un autre superbe solo de guitare.

Castaway commence encore plus subtilement, avec des coups de grosse caisse juste avant que le processus de stratification soit une nouvelle fois entrepris jusqu’à ce que le morceau commence à ressembler à quelque-chose proche de Queen, mais c’est alors, et de façon remarquable, qu’un nouveau solo de guitare – encore meilleur que les autres – s’empare du spectacle. Nuclear est un autre morceau dans le style de Queen avec un chœur entêtant et des paroles plutôt éloquentes. « What a mess we made when it all went wrong » [‘Quel gâchis avons-nous fait quand tout allait mal’] disent les paroles, comme si les ruptures étaient assimilées à une catastrophe nucléaire.

Dreaming In The Wind rappelle les sons de guitare de Mark Knopfler jusqu’à ce qu’ils se transforment en complètement autre chose, avec plus de solos géniaux en abondance ; Irene, cependant, fait un peu trop penser à Honky Tonk Women des Rolling Stones, avançant en haletant de la même façon jusqu’à ce que les cuivres mènent à sa conclusion.

Minutes n’offre rien de plus qu’une marche lente et sans intérêt à travers la médiocrité, tandis que Chariots possède des explosions courtes et pointues de riffs de guitare, mais pas d’autres notes pour accompagner la percussion saccadée. Une reprise du morceau de gospel I Give Myself Away de William McDowell conclut l’album mais sonne comme si un ex-membre de Westlife  s’était éteint et Following the Angels répète un peu trop de fois le titre du morceau, avec sa mélodie mélancolique au piano pour justifier sa répétition.

C’est sans nul doute la guitare qui représente la principale force de cet album, transformant souvent les morceaux moyens en quelque chose de mieux, mais quand les contributions à la guitare sont absentes, il ne reste plus grand-chose devant lequel s’enthousiasmer. La qualité de ce jeu de guitare est toutefois suffisamment impressionnante pour inciter l’auditeur à revenir dessus ; le vieux maitre n’est peut-être pas aussi abondamment créatif qu’il l’a été, mais il y a encore de la vie dans ce vieux schnoque. »

Graeme Marsh (pour musicOMG.com)

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