-->

Interview pour le Huffington Post (15 mars 2014)



Mike Oldfield n’est pas le genre d’homme qu'on penserait être en besoin de reconnaissance.

Son album, entré dans l’histoire, Tubular Bells a été vendu à environ 15-17 millions d’exemplaires à travers la planète et, quatre décennies après son arrivée remarquée dans le monde de la musique, les notes atmosphériques accompagnant les films allant de L’Exorciste à The Space Movie restent aussi uniques, caractéristiques et reconnaissables que jamais.

Cependant, il a fallu l’invitation de Danny Boyle à monter sur scène lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Londres pour qu’il se considère comme un  « artiste ayant sa place dans le 21ème siècle ».

Plus révélateur, cela lui a donné un « coup de pouce » pour créer à nouveau de la musique.

« Ça m’a reconnecté au monde de la musique » dit-il joyeusement au téléphone de son domicile dans les Bahamas. « Rien d’autre n’a changé, je me sens juste plus motivé ».

Plus sérieusement, il révèle également que son récent divorce lui a redonné le jus de la créativité. « Ça arrive souvent, je sais » dit-il tristement. « C’est utile d’avoir un exutoire. C’est très humain d’exprimer nos émotions les plus profondes qui ne trouveraient pas leur chemin autrement. »

Le résultat est son 25ème album, Man on the Rocks, un album rock sans vergogne par rapport à ce qu’il a fait précédemment, inspiré principalement par ses prises de conscience, « J’ai fait pratiquement tout ce que j’ai voulu faire. Qu’est-ce que je n’ai pas encore fait ? Oh si, un album rock sonnant comme dans les années 60/70… »

L’album est déjà classé, côtoyant Pharrell Williams et Beyonce, semblant prouver qu’il existe encore un public pour quelqu’un qui faisait déjà de la musique lorsque ces deux-là n’étaient même pas nés. Mike ne semble pas inquiet à propos du rock d’antan.

« Je viens d’une époque où il n’y avait pas toutes ces classifications » dit-il. « Vous pouviez tout aussi bien écouter Bob Dylan que Bob Marley. Pour moi, il ne s’agit que de mélodie. »

A certains égards, il s’est pourtant adapté. Mike, étant par nature un compositeur et arrangeur bien connu pour sa solitude, était heureux de collaborer avec d’autres musiciens de renommée mondiale – le batteur John Robinson, le chanteur Luke Spiller – et il a trouvé cette expérience très agréable. Le fait qu’il puisse rester terré dans sa maison aux Bahamas, avec les fichiers musicaux qu’on lui envoyait pour qu’il bricole dessus n’a, sans aucun doute, pas été un mal non plus.

Un récent documentaire sur Mike Oldfield retrace son parcours de jeune homme sensible dont la célébrité immédiate, l’adulation et les attentes qui ont suivi [Tubular] Bells ont été une expérience extraordinaire.

« Tout est arrivé si vite, et j’étais si jeune. Vous seriez étrange si ce genre d’attention ne vous changeait pas – je me souviens avoir pensé que la chose la plus importante était, pour moi, mon humanité, de rester intact, ce qui bien sûr a fini par me faire passer pour un personnage encore plus étrange que jamais. » dit-il en riant, probablement faisant allusion à certaines phases plus « cosmiques », évoquées dans le documentaire.

Dans le film, le champion de Oldfield, Danny Boyle, explique comment certaines parties de la musique se sont avérées difficiles à travailler, le créateur en souffrant lui-même personnellement – quelque chose que Oldfield reconnait volontiers aujourd’hui.

« Je suis une personne hyper-sensible » dit-il « Il y a toujours eu des hauts et des bas, mais j’aime à penser que c’est le prix à payer lorsque l’on est musicien, artiste ou n’importe quelle personne créative. Cela a ses récompenses. »

Quoi de plus pour un homme qui, dit-il, n’a jamais été aussi heureux, bricolant des sons différents, là-bas, sur une île tropicale des Bahamas, avec ses deux petits lézards [derniers fils] pour seule compagnie ?

« Je pensais à un prequel de Tubular Bells », dit-il, ce qui devrait être suffisant pour que les producteurs accourent avec leur carnet de chèque pour couvrir la production.

« Rendre hommage à l’époque où il n’y avait pas de synthétiseurs ou quoique ce soit. Un son vraiment unique. Mais nous verrons. »

Caroline Frost (pour le Huffington Post - 15/03/14)

Aucun commentaire: