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samedi 24 décembre 2016

OMMADAWN : Chroniques de Best #88 et Rock & Folk #107 (fin 1975)


Alors que Mike Oldfield s'apprête à sortir son 26ème album studio intitulé Return To Ommadawn, je vous invite à remonter le temps sur plus de 40 ans pour se replonger dans les premières critiques françaises au sujet de son prédecesseur : Ommadawn, sorti en 1975.

A l'époque, le troisième album du "jeune prodige", qui deviendra l'un des plus adorés des fans, fût accueilli par certains critiques comme un album dénué d'originalité vis à vis de ses deux premiers essais Tubular Bells et Hergest Ridge. Sa musique est "éculée",  "creuse", "vide de sens"... Même si Ommadawn est jugé bon, Mike Oldfield, reclus, semble tourner en rond. En témoignent ces avis mitigés, quoiqu'indécis, issus des chroniques de deux grands magazines musicaux de l'époque que sont Best et Rock & Folk. Des avis qui sonnent comme un écho aux récentes critiques qui, sur les mêmes bases, commencent déjà à reléguer RTO... Bon signe ??!

Merci encore une fois à Georges pour avoir permis cette publication !

Best n°88 Novembre 1975

Mike Oldfield Récidive

Best n°88 (nov 75)

Retiré dans son manoir et studio du Herefordshire avec ses deux chiens pour seuls compagnons, Mike Oldfield comptait les sous empochés grâce à ses cloches tubulaires. Il pouvait sans crainte paresser pendant une année. Et personne pour déranger son fragile équilibre de génie infantile. Sa musique, il est vrai nécessite une concentration de plusieurs mois et un profond plongeon dans l'inconscient collectif de la culture musicale des gens. C'est un peu ma théorie, ce type synthétise la mémoire harmonique de toute une génération et la traduit sur bandes avec sa propre instrumentation. Mon pote, lui, il est plus poétique, il croit que si Oldfield reste si souvent invisible et inaccessible, reclus seul dans son studio, c'est qu'il voyage dans le temps pour aller se documenter sur la musique du moyen âge où celle du futur. Plus j'y pense, plus cette solution me paraît plausible. Une fois je suis allé dans son manoir, et je me suis rendu compte qu'il n'était pas très éloigné de « Stoneenge », un lieu où s'érigent des pierres superposées et qui fait l'objet de légendes assez confondantes. Il paraîtrait que cet endroit est la porte de notre temps, Quoi qu'il en soit, Oldfield, de retour d'un voyage intersidéral ou simplement après de longues heures de travail, sort son nouvel album « Ommadawn » sur Virgin Records, un an après « Hergest Ridge ». On retrouve pour l'épauler, toute une liste d'intimes dont Pierre Moerlin, le batteur de Gong, Terry et Saily Oldfield, le frère et la soeur, plus un dénommé Eddie Tatane aux percussions. Mike dit qu'il est différent des deux autres.

P.S. C'est pas vrai, je viens de recevoir la bande. C'est la même mouture. Maintenant c'est ma parole contre la sienne.

[auteur inconnu]


Rock & Folk n°107 Décembre 1975


MIKE OLDFIELD

OMMADAWN
Virgin 940 513 (dist. Barclay)
Rock & Folk n°107 (déc 75)

Jamais il ne m'a été aussi difficile de faire la critique d'un disque que pour ce dernier produit du filon musical que Mike Oldfield exploite (c'est le mot) depuis plusieurs années. On retrouve sur « Ommadawn » tous les procédés qui étaient les trouvailles de « Tubular Bells » et qui, après avoir resservi pour « Hergest Ridge », reparaissent ici quelque peu éculés. C'est toujours pareil : les mêmes emplois des mêmes instruments, les mêmes phrasés, les mêmes surimpressions, les mêmes sonorités ; avec la petite nouveauté de rigueur, ici les bagpipes. Seulement, voici le problème : a-t-on le droit de démolir un disque sous l'unique prétexte qu'il n'apporte rien de nouveau par rapport au précédent, qu'il lui ressemble comme un frère ? Tous les albums des Stones se ressemblent, tous ceux d'Hendrix. A l'opposé, a-t-on le droit d'encenser une musique sous l'unique prétexte qu'elle est jolie ? Une bonne partie de la merde musicale ambiante est jolie et n'est que cela. Alors quid ? Décidez vous-même, je ne me sens pas capable de donner une réponse péremptoire à ce genre de problème théorique. Je trouve simplement que la musique d'Oldfield est agréable, douce, qu'elle est JOLIE, par instants belle, qu'elle coule et se laisse entendre (nul besoin d'écouter) sans effort, qu'elle flatte en moi tout un subconscient harmonique et enfin qu'elle est parfaitement adéquate pour satisfaire mon oreille dans mes plus grands moments de paresse intellectuelle ou esthétique.

Je trouve aussi qu'elle est creuse, le plus souvent vide d'émotion et, en tout cas, de sens. Je trouve que Mike Oldfield, au demeurant un très bon musicien et parfois un guitariste intéressant, est aujourd'hui totalement esclave des procédés qu'il a le premier expérimentés ; ses moyens sont devenus des fins, ce sont eux qui se servent de lui, et la machine tourne à vide.

J'ai trop pensé, je vais retourner l'écouter.

— JEAN-MARC BAILLEUX

Forum

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Quelle blague

baroki a dit…

Il est arrivé à Bailleux d'être plus inspiré et lucide... Heureusement !

salociN a dit…

Ça me renvoie à la question posée un jour à MO "Pourquoi avez-vous écrit Tubular Bells ?", suivi d'un long bug du questionné...

Sans chercher à remettre en cause le droit bien légitime à la critique, certains journaleux se croyant d'authentiques prescripteurs s'érigent en pourfendeurs de la vacuité, tout en carburant eux-même à l'indigence et à la paresse à la fois musicale et verbale, avec cette absolue nécessité compulsive de devoir tout ranger et classifier, la plupart du temps selon des critères totalement subjectifs et arbitraires.
Force est de constater qu'en la matière, les choses n'ont pas évolué, et ça ne sera probablement jamais le cas. La musique elle, en revanche, est en constante ébullition, et en ce sens, elle aura toujours un train d'avance dans sa globalité par rapport à ceux qui s'estiment être des maîtres à penser dignes d'intérêt.

Mais alors, si la critique est si primordiale, comment donner du crédit à un quelconque avis lorsque qu'il est aussi péremptoire, dénué d'attention et de compréhension, ne faisant pas au minimum l'effort de s'immerger et de se concentrer dans quelque chose qu'il est censé juger en son âme et conscience ?

dje14 a dit…

"J'ai trop pensé, je vais retourner l'écouter."

Là tu as tout dit mon gars. Arrête de cogiter avec ta tête et écoute avec tes tripes et ton coeur. RESSENS !

Bref, Oldfield se fait descendre par les critiques quand il fait toujours la même chose (des longs instrumentaux), et il se fait descendre par les critiques quand il fait d'autres choses (musique électronique, chansons...). Pff !

On ne devrait pas juger un album d'Oldfield avant de l'avoir écouté au moins 10 fois. Or, je suis sûr que ces critiques ne l'écoutent qu'une fois et de façon superficielle ou préjugeante.

Le Baron a dit…

Concernant la première 'Chronique', on comprend que le type n'a pas écouté l'album mais qu'il doit en faire la chronique quand-même
A part un avis général sur Mike, aucun élément concernant l'album.
Et puis la phrase ''nécessite un profond plongeon dans l'inconscient collectif de la culture musicale des gens'' ne veut, en soit, rien dire du tout.
Mais bon, ça aide à atteindre les 200 mots. :D