L'annonce officielle se fait attendre à mesure que les détails affluent sur la toile à moins de deux mois de la sortie programmée... On le rappelait hier, les précommandes sur certaines places de marché sont déjà lancées et les infos sur le contenu de cette nouvelle édition de Tubular Bells révèlent peu à peu l'aspect unique de cette sortie.
C'est aujourd'hui l'enveloppe qui se dévoile un peu plus, puisque les visuels (certainement officialisés très bientôt) ont été ajoutés aux fiches produits. Cela confirme entre autre que l'édition CD sera sur une unique galette, tandis que l'édition vinyle sera bien sur quatre faces.
A noter que la pochette de l'édition CD semble être cartonnée, et que les deux formats bénéficieront de sous pochettes imprimées (ou des livrets ?). Mais en résumé, tout à l'air assez sobre... Espérons qu'une édition un peu plus "Deluxe" vienne s'ajouter à ce qui parait pour le moment être très standard.
Ces visuels ont au moins le mérite d'éclaircir le contenu ! On y voit en tout cas nettement la liste des pistes qui seront gravées sur le CD (fatalement plus réduite que ce qui semble être prévu sur digital) :
Si cette même tracklist est confirmée, il s'agira d'une réédition doublement exceptionnelle, puisque la version des JO de 2012 n'avait jamais été éditée dans la discographie officielle de Mike Oldfield sur CD, et seulement à 500 exemplaires sur vinyle maxi-45-tours.
Avec la sortie de la démo de Tubular Bells 4, c'est donc une compilation-événement qui risque malgré tout de plaire à beaucoup de fans. Car soyons honnêtes, cette énième réédition de Tubular Bells aurait pu être bien plus avare en originalité...
Espérons une annonce officielle très bientôt, avec peut-être encore des surprises !
Ces dernières heures les informations autour de la prochaine sortie de Tubular Bells 50th Anniversary Edition nous ont apportés des détails qui ne manqueront pas de soulever autant d'émotions que de déception, voire de tristesse...
En effet, une description plus précise a été ajoutée sur une fiche Amazon de l'édition CD présentant la démarche derrière cette sortie :
"L'album iconique Tubular Bells de Mike Oldfield est réédité pour célébrer son 50ème anniversaire. Cette édition spéciale présente une démo inédite enregistrée il y a maintenant 5 ans, et qui, à ce moment-là était censée débuter une nouvelle version retravaillée pour les 50 ans. Depuis, Mike Oldfield a pris sa retraite, et l'introduction de 8 minutes a été mise de côté. Voyant enfin le jour, l'Intro de Tubular Bells 4 est la conclusion de l'incroyable vie d'un album historique, et peut bien être la toute dernière chose enregistrée par Oldfield."
Les rumeurs étaient donc bien fondées, l'extrait de Tubular Bells 4 existe bel et bien, mais sera la seule chose que l'on découvrira d'un opus qui, semble-t-il, restera inachevé... Mike Oldfield ayant finalement laissé tomber son développement malgré tout l'enthousiasme qu'il présentait en 2017. On ne connait pas les raisons de ce virage (l'inspiration, la motivation, la santé, ...?), mais ce qui est sûr, c'est que, si l'information est confirmée, cette célébration sera marquée d'une pointe de morosité dans le cœur des fans...
Encore une fois rien d'officiel pour l'instant, mais la liste des piste composant l'album à venir (dans sa version digitale) a également été publiée par le site Qobuz et présente effectivement une édition hommage à Tubular Bells en présentant plusieurs versions du catalogue Universal/Virgin sorties entre 1973 et 2023 : de l'original, à TB4, en passant par la version des JO 2012, et certainement le mix de 2009.
Il fallait bien s'y attendre ! Après le picture-disc des 5 ans, l'édition CD-Gold cartonnée des 25 ans, le réenregistrement des 30 ans, et j'en passe... L'un des albums progressifs les plus vendus de tous les temps ne pouvait pas échapper à une énième réédition pour fêter son cinquantième anniversaire !
C'est en tout cas ce que suggère la mise en ligne récente de l'album Tubular Bells - 50th Anniversary Edition prévu pour le 26 mai prochain (juste au lendemain des 50 ans tout pile). Très peu d'infos pour le moment, hormis la pochette, et le fait qu'il y aura au moins une édition CD et un double vinyle...
Tubular Bells 50th Anniversary Edition (2023)
Les sites de la Fnac référencent également ces deux éditions (ici et là), mais ne vous précipitez pas les prix vont certainement bouger... Le double vinyle est aussi apparu sur Amazon.
On attend une annonce officielle et la divulgation du contenu car il est toujours possible que ce double disque vinyle renferme quelques surprises, étant donné que l'album n'est censé tenir que sur deux faces. Il y a toujours les indices d'une compilation-évenement, mais il ne faut pas non plus oublier que les démos sortent également dans une édition simple exclusive au Record Store Day au mois d'avril... Il est donc possible que cette édition des 50 ans soit simplement un regroupement de deux versions de Tubular Bells : Original 1973 + Demos, ou même avec le mix de 2009 (comme cela avait déjà été le cas en 2016 avec la Deluxe Edition).
La Gibson EBS-1250 double manche basse/guitare ayant appartenu à Mike Oldfield (no. 90448)
[Mise à jour le 9/3/2023]
Avis aux ULTRA fans ! (et qui ont les moyens)
Le 8 mars 2023 aura lieu une vente aux enchères exceptionnelle dans laquelle figurera une basse/guitare Gibson EBS-1250 double manche rouge cerise, ayant appartenu à Mike Oldfield (Lot 420) !
Bon, mettons-nous d'accord il ne s'agit pas de la guitare la plus emblématique de Mike. Très peu d'images le montrent en train de jouer avec, et elle n'est à ma connaissance référencée sur aucun de ses albums, mais elle a bel et bien servi !
C'est tout d'abord dans le vidéo-clip de Wonderful Land (1980) que l'on aperçoit pour la première fois Mike Oldfield avec cette guitare pour le moins atypique. Certes, il s'agit d'un film où la musique est ajoutée par dessus l'image, mais il y a fort à parier que c'est le véritable instrument qui a servi pour enregistrer le single.
D'autant plus que d'autres documents d'archives datant de la même époque attestent que ce modèle avait bien sa place dans le studio de Mike de sa propriété de Denham. On l'aperçoit notamment sur les images du documentaire The Essential, toujours en 1980 (aux alentours de l'enregistrement de l'album QE2, donc).
Capture du documentaire The Essential (1980). La fameuse Gibson EBS-1250 est ici aperçue en arrière plan.
Toujours est-il que, pour la petite histoire, la guitare aurait finalement été cédée en octobre 1994, date à laquelle son actuel propriétaire l'aurait récupérée grâce à l'assistant personnel de Mike Oldfield, Jeremy Parker. Plus tard, c'est Tom Newman lui-même qui attestera qu'elle eut bien appartenu au Maestro, tout comme son conseiller technique sur l'album QE2, Richard Barrie, qui certifie qu'elle était déjà dans la collection de Mike en 1979. Nous n'en saurons malheureusement pas plus sur sa provenance... Bien que son numéro de série suggère une date de fabrication aux Etats-Unis en 1962, la description de l'article explique qu'il s'agit probablement d'une erreur, et que cette copie daterait plutôt de la fin des années 60, voire début des années 70.
Rare photo de Mike Oldfield jouant sur sa Gibson EBS-1250 (début 80's)
Hormis le fait qu'il ait appartenu à Mike Oldfield, il s'agit là d'un instrument vraiment rare, même si sa silhouette a été rendue célèbre par les guitar-heroes des années 70, de Jimmy Page sur Stairway To Heaven, à Don Felder sur Hotel California. En fait, ces doubles guitares étaient différentes dans le sens où elles proposaient un manche 12-cordes en plus du manche traditionnel 6-cordes (modèle Gibson EDS-1275), alors qu'ici, Mike possédait un manche de basse à la place du 12-cordes. Une différence notable qui en fait donc une pièce encore plus exceptionnelle (moins de 30 modèles auraient été fabriqués...).
Son estimation pour cette ventre s'élève entre 10 000 et 20 000 £.
Bref, au risque qu'elle prenne la poussière dans une collection privée, on regretterait presque de ne pas la voir exposée dans un musée. Espérons au moins qu'un vrai fan s'en empare, et qu'un musicien lui permette de s'exprimer à nouveau..! Des candidats ici ??? Rendez-vous mercredi 8 mars sur Guitar-Auctions !
Edit 9/03/2023: Aux alentours de 17h30 (heure française), hier, la Gibson double manche a donc été adjugée pour 12 500 £ (soit 14 000 €) auxquels s'ajoute une commission de 26,5% (!). Autant dire que l'heureux acheteur - qui était présent en salle - doit être un mordu !
Le lot 420 est parti pour 12 500 £ ce mercredi 8 mars 2023
Allez, pour le plaisir de la voir et l'écouter de plus près, voici un test sur cette fameuse Gibson, en haute définition cette fois (mais sans Mike) !
C'est au tour du journal britannique The Telegraph de nous proposer son récit autour de Tubular Bells à l'occasion des 50 ans de l'album culte, et des multiples évènements scéniques actuellement en tournée outre-Manche.
Cette fois, la parole est notamment donnée à l'arrangeur Robin A. Smith, qui a reçu la bénédiction de Mike Oldfield pour réorchestrer et mettre en scène son album de 1973. Robin Smith a souvent collaboré avec le Maestro puisqu'il était déjà aux mannettes en 1992, lors du concert de lancement de Tubular Bells II au pied du château d'Edimbourg, puis sur la scène de l'ouverture des JO à Londres en 2012. Il profite donc aujourd'hui des 50 ans du chef d'œuvre pour proposer sa propre interprétation en live avec une tournée exclusivement britannique qui prendra fin le 31 mars. Pas de concerts prévus à l'international donc, mais nous avons quand même droit à nos lots de consolation puisqu'une captation du spectacle a été éditée l'année dernière en DVD et Blu-ray (lien), et un réenregistrement est également sorti en CD (lien bandcamp).
La captation du live Tubular Bells par Robin Smith(à ne pas confondre avec celui du Royal Philharmonic Orchestra dirigé par Simon Dobson !!!)
La version de Tubular Bells réenregistrée par Robin Smith (CD)
L'article rédigé par James Hall revient donc principalement sur le succès de Tubular Bells et sur les lignes qu'il a brisée à l'époque. Tant du point de vue technique que musical. Les différents protagonistes que le journaliste cite le décrivent ainsi comme un ovni qui représentait une véritable prouesse pour tous ceux qui s'y sont frotté, jusqu'au réalisateur de sa première captation live sur la BBC en 1973, Tony Staveacre. Son témoignage précieux permet de revoir ce concert avec un œil tout simplement nouveau !
Cette rétrospective est ainsi l'occasion de rappeler que d'autres artistes se sont appropriés la musique de Tubular Bells, à commencer par le guitariste Steve Hillage, qui, dès 1974, avait été missionné pour faire rugir ses cordes électriques lors des performances du Royal Philharmonic Orchestra conduit par David Bedford (qui avait à l'époque réarrangé Tubular Bells et Hergest Ridge pour le classique). On raconte que Mike s'était moqué de la prestation du guitariste, mais jugé par vous même (vidéo plus bas)... Hillage avait quand même un sacré gratté sur le passage Ambient de la seconde partie, non ?? Un pur plaisir à réécouter et à revoir !
Je vous laisse découvrir cet article traduit pour vous en français, mais la version originale est bien sûr toujours disponible (ici et là).
Bonne lecture !
Too long, too complex, too weird: the twisted history of Tubular Bells
[Trop long, trop complexe, trop bizarre : la folle histoire de Tubular Bells]
par JAMES HALL (publié le 28 février 2023 - The Telegraph)
Il y a cinquante ans, ce succès improbable a lancé le label de musique de Richard Branson, a servi de bande-son au film L'Exorciste, et a fait de son jeune compositeur une star.
« C'est comme les alunissages. Tout le monde sait où il se trouvait lorsqu'il a entendu Tubular Bells pour la première fois », déclare Robin Smith, un musicien qui, le 3 février, s'est lancé dans une tournée britannique de 32 dates pour interpréter l'album ambient-prog-folk de 1973 de Mike Oldfield devant des dizaines de milliers de fans.
Sorti il y a 50 ans ce printemps, Tubular Bells a été un succès surprise qui a transformé son compositeur, alors adolescent, en une rock star aussi richissime que réservée. L'album - qui ne comprend que deux morceaux, sans voix, d'environ 25 minutes chacun - s'est vendu à 17 millions d'exemplaires, a lancé le label Virgin Records de Richard Branson, a servi de bande-son au film d'horreur le plus effrayant de tous les temps, et a même vu sa pochette en forme de tube tordu reproduite sur les timbres postaux du Royal Mail. Il a également marqué les débuts de la fusion de la musique classique et du rock, donnant lieu à l'un des spectacles musicaux les plus difficiles sur le plan logistique - mais finalement emblématiques - de l'histoire de la chaine BBC.
Smith dirige un ensemble de huit musiciens qui interprètent l'album en live (avec la bénédiction de son ami Oldfield, qui vit désormais aux Bahamas). Le fait que l'album remplisse encore les salles de concert d'Exeter à Édimbourg, souvent avec deux générations d'une même famille, témoigne de son attrait durable.
Même si vous pensez ne jamais avoir entendu l'album, vous l'avez forcément entendu. Ce motif au piano qui fait froid dans le dos, avec un tempo étrange, dans L'Exorciste, avant que Linda Blair ne fasse de la gymnastique avec sa tête et vous prive de votre capacité à dormir ? C'est Tubular Bells. C'est inoubliable. Mais l'album ne se résume pas à ce seul refrain. Certainement pas. Il regroupe tout, de la musique de chambre au folk en passant par le rock à la Metallica et les ambiances de Western Spaghetti. Et ce n'est que la première face du disque.
Dans ces conditions, il n'est pas surprenant que le succès de Tubular Bells ait été inattendu lors de sa sortie en 1973. Musicalement, il se situait quelque part à gauche du champ gauche*. Les albums les plus populaires au Royaume-Uni en 1972 (et qui n'étaient pas des compilations de hits) étaient soit des albums parfaitement taillés pour la radio, d'artistes comme Donny Osmond, Lindisfarne ou le gagnant écossais du télé-crochet Opportunity Knocks, Neil Reid ; soit des albums rock et glam de groupes comme Deep Purple et T. Rex. En 1973, Elton John, Slade et David Bowie dominaient les hit-parades. Mais si Tubular Bells devait partager un ADN musical avec quelqu'un, c'est bien le groupe progressif Yes, dont l'opus de deux heures Tales from Topographic Oceans est également sorti en 1973.
La sortie de l'album s'est faite presque par hasard, à une époque où Branson, entrepreneur en difficulté, tentait de percer dans le monde de la musique. Après avoir commencé sa carrière à 15 ans avec son magazine national Student en 1968, Branson s'est lancé dans la vente de disques par correspondance pour financer ses activités d'édition. Mais il s'est retrouvé en difficulté avec les autorités à cause de la façon dont avait été comptabilisée les taxes de l'époque. Il fut alors condamné à une énorme amende qu'il devait payer en multipliant ses activités liées à la musique. Il a notamment ouvert d'autres magasins, créé le studio d'enregistrement The Manor dans une maison de campagne délabrée de l'Oxfordshire, et lancé un label de disques si son équipe parvenait à trouver des artistes. Il n'y avait aucune garantie que ce dernier point se réalise.
Simon Draper, alors président de Virgin, a déclaré dans un documentaire récent que la plupart des musiciens ne voulaient pas signer avec un jeune label donné perdant. « Les artistes voulaient le pouvoir, l'argent et l'influence d'une grande maison de disques internationale, et j'étais donc très limité dans ce que je pouvais faire », a déclaré Draper. En outre, il affirme qu'il n'était pas motivé par la signature de futurs hits. « Ma motivation était de faire des disques qui étaient importants, révolutionnaires, avant-gardistes, et pas nécessairement des succès commerciaux ». Par défaut et donc à dessein, le terrain de chasse de Virgin était limité.
Quelle chance, alors, que l'un des premiers groupes à enregistrer au Manoir soit un groupe de soul appelé The Arthur Louis Band. Le guitariste remplaçant du groupe était un jeune homme timide de 19 ans appelé Mike Oldfield. Et Oldfield avait une activité secondaire. C'est le producteur résidentiel de The Manor, Tom Newman, qui a entendu pour la première fois une démo de Tubular Bells sur une « toute petite bobine » qu'Oldfield lui avait remise, une démo qu'il avait commencée à l'âge de 17 ans. Oldfield avait déjà été rejeté par plusieurs labels, qui, comme il l'a dit plus tard, le prenaient pour un « cinglé ». Mais Newman pensait que la démo était « sensationnelle ». Il envoya la démo à Draper qui convainc Branson d'utiliser Tubular Bells pour lancer le label Virgin. Oldfield travailla sur l'album pendant les temps morts du Manoir, jouant lui-même la plupart des instruments, de l'orgue Farfisa à la flûte traversière.
« L'avantage d'avoir un studio, c'est que nous avions parfois des périodes creuses, par exemple lorsque le groupe dormait », a déclaré Branson lors d'un récent documentaire de HBO sur sa vie. « Mike Oldfield est venu et a séjourné au Manoir, et pendant ces périodes creuses, les ingénieurs l'ont laissé entrer dans le studio et Tubular Bells a été enregistré. Simon [Draper, le président de Virgin à l'époque] a entendu la bande, me l'a apportée, nous l'avons tous les deux adorée, et avons donc décidé de la sortir. »
Selon certains témoignages, Virgin a d'abord essayé de vendre l'album à des maisons de disques plus importantes (Virgin agissant en tant que gestionnaire ou agent d'Oldfield). Un directeur de maison de disques américaine a proposé 20 000 dollars si des voix étaient ajoutées. L'offre fut rejetée. Une fois l'album sorti, Virgin « a dû jouer toutes ses cartes pour promouvoir cette musique », a déclaré Branson. « Nous avons réussi à l'intégrer dans le film L'Exorciste, ce qui a beaucoup aidé en Amérique. Tubular Bells est resté dans les charts pendant deux ou trois ans. »
La première face de l'album démontre à quel point cette musique est étrange. « Elle commence par un morceau répétitif de neuf minutes nous faisant croire à du classique, avec toutes ces lignes de rock sous-jacentes, puis il passe par une grande mélodie folk épique, puis à un autre morceau qui est presque une rencontre entre le rock de Metallica et Game of Thrones », explique Smith, son nouveau champion. « Il y a ensuite un peu de musique de saloon, suivie d'une sorte de truc à la Ennio Morricone-Clint Eastwood, puis vous avez cet incroyable maître de cérémonie [Vivian Stanshall, du groupe Bonzo Dog Doo-Dah] qui annonce les instruments, un peu à la manière d'un Benjamin Britten qui présenterait l'orchestre, mais sur l'un des riffs de guitare et de basse les plus durs qu'il soit possible de jouer. Je veux dire, la rigidité cadavérique s'installe presque après avoir joué ce riff. » La deuxième face va dans une direction complètement différente : « C'était de la musique chill avant que le chill n'existe », dit-il.
L'album démarre lentement mais entre dans les charts britanniques en juillet 1973 pour se loger dans le top 10 (bien qu'il faille attendre 15 mois avant qu'il n'atteigne la première place). Consciente de ce succès, la BBC prit l'initiative, en novembre 1973, de filmer Oldfield et son groupe en train de jouer l'intégralité de la première face de Tubular Bells pour une émission artistique dirigée par Melvyn Bragg, intitulée 2nd House.
La musique pop n'était pas nouvelle sur la BBC. L'année précédente, Bowie avait enthousiasmé les adolescents de la nation avec son interprétation de Starman dans Top of the Pops. Mais cette chanson durait trois minutes et demie, et n'atteignait pas demi-heure. De plus y avait un chanteur sur lequel les caméras pouvaient se concentrer. Tony Staveacre, qui réalisait 2nd House, m'a dit que le tournage de Tubular Bells était « absolument terrifiant », bien qu'il mette cela sur le compte du trac. L'équipe de 2nd House était plus habituée à filmer des extraits de ballets que des opus musicaux aussi incroyables.
« Nous avons eu une seule répétition et je pense que c'était tout. Pour une pièce aussi complexe et comportant tant de changements subtils - il y a une quarantaine de mouvements musicaux différents qui s'enchainent sans relâche - nous devions trouver un élément visuel pour accompagner la musique », se souvient Staveacre, aujourd'hui âgé de 80 ans. Afin de créer une « expérience visuelle », il a installé le groupe de 14 musiciens en rond, assis et tournés vers l'intérieur, une mise en scène qu'il a empruntée à un enregistrement CBS de 1957 d'un concert de Billie Holiday. Les spectateurs pouvaient ainsi observer les contacts visuels entre les interprètes pendant qu'ils tissaient la toile complexe de Tubular Bells. Il affichait également des visuels sur l'immense logo 2nd House derrière le groupe au fur et à mesure de la performance. Pour ce faire, il avait utilisé une technique de pointe de la BBC appelée « Colour Separation Overlay » (un trucage du type écran vert mais avec de la lumière bleue). Cela permis de faire accompagner la musique de manèges de foire et de vagues. Le tout fut filmé en une seule prise.
La diffusion de l'émission est étonnante à regarder aujourd'hui. Cela est dû en partie au groupe d'Oldfield. Il comprenait Mick Taylor, alors membre des Rolling Stones, Steve Hillage de Gong (un autre groupe Virgin) et le compositeur (aujourd'hui Sir) Karl Jenkins, qui faisait alors partie de Soft Machine. « C'était extraordinaire. Ils étaient totalement professionnels. Personne ne jouait la rock star. Tout le monde était à l'heure », dit Staveacre.
Ce spectacle marquait aussi l'une des premières fois à la télévision où les mondes du classique et du rock se percutaient. Le groupe était constitué comme un orchestre de chambre où ses membres jouent à partir de partitions imprimées. Pourtant, les cheveux longs et les solos ravageurs des musiciens évoquaient d'autres contrés. Oldfield portait une veste brune sous sa crinière et jouait avec une insouciance qui évoquait davantage une jam-session dans une chambre d'étudiant qu'une émission en prime-time sur la British Broadcasting Corporation. Cette configuration en forme de rock de chambre est courante aujourd'hui - le spectacle rappelle fortement les concerts de Radiohead après 2000, dans lesquels les membres du groupe se nourrissent les uns des autres pour créer des paysages sonores complexes - mais à l'époque, c'était révolutionnaire. « Cela m'effraie aujourd'hui de penser à l'audace dont nous faisions preuve à l'époque », déclare Staveacre.
Si vous doutez de l'aspect novateur de tout cela, ne cherchez pas plus loin que cet extrait exceptionnel montrant [Steve] Hillage en tenue psychédélique jouant à la guitare un solo de cinq minutes lors d'un concert d'Oldfield au Royal Albert Hall, cette fois accompagné d'un orchestre complet. Derrière Hillage est assis un contrebassiste du Royal Philharmonic Orchestra en cravate blanche et queue de pie. Son visage, alors que le Gong man emmène la musique dans des territoires de plus en plus éloignés, est une véritable image de stupéfaction. Deux mondes se heurtent vraiment.
Le film 2nd House a été visionné 5,6 millions de fois depuis son apparition sur YouTube il y a cinq ans. Staveacre dit que, bien qu'il n'ait jamais entendu Oldfield parler au sujet du spectacle, une personne liée à Tubular Bells en a été très heureuse. « Richard Branson était très content. Je crois me souvenir qu'une caisse de champagne a été livrée chez moi », dit-il.
Oldfield a toujours été un homme timide qu'il fallait à l'époque pousser pour qu'il se produise sur scène. Il détestait l'attention que lui apportait Tubular Bells et, souffrant d'une anxiété extrême, il s'est réfugié dans la campagne galloise peu après. Mais il est resté prolifique : il a depuis sorti 25 autres albums studio et divers albums live, collaborations et compilations. Il a également eu de nombreux singles à succès (dont Moonlight Shadow en 1983), a enregistré une version du thème de Blue Peter et a joué lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Londres en 2012. Lors d'une période difficile avec Virgin en 1990, Oldfield a envoyé un message à Branson en morse sur l'un de ses morceaux : « F-CK OFF RB. »
Robin Smith, qui a vu Oldfield pour la dernière fois lorsqu'ils ont travaillé ensemble sur le spectacle des Jeux olympiques, le décrit comme une « belle et merveilleuse personne qui n'aime pas les feux de la rampe ». Je pourrais dire que le côté dissident et un brin anarchique d'Oldfield font de lui une version prog rock des Sex Pistols, un autre poulain de Virgin. Est-ce la raison pour laquelle il ne participe pas à la tournée du 50e anniversaire ? Mike a toujours cette attitude [punk] : « Prenez-moi comme je suis, je vous donnerai de la musique, mais n'essayez pas de me forcer à faire quoi que ce soit, parce que je ne le ferai pas », dit Smith.
De plus, comme Branson, Oldfield a une île au soleil sur laquelle il peut se détendre grâce en partie à Tubular Bells. Et oubliez les alunissages ou les Sex Pistols. M. Oldfield a comparé son album à un autre phénomène culturel, sorti de nulle part et impliquant, à juste titre, un enfant prodige créant de la magie. « C'est toujours l'outsider, le mouton noir, qui devient le blockbuster », a-t-il déclaré en 2014 à propos de son succès. »
Mike Oldfield’s Tubular Bells – the 50th Anniversary Celebration est en tournée jusqu'au 31 mars. Tickets sur : mikeoldfieldofficial.com
Traduit en français par orabidooblog.
* « champ gauche » en référence au terme pour désigné l'un des coins les plus extrêmes d'un terrain de baseball.